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Blog de l'asso SAKADO

Association SAKADO - voyage solidaire et responsable - tourisme communautaire - spécialiste Ghana Togo Benin

Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin

Lucie Cazenave, étudiante en BTS Tourisme à Tarbes (65) est partie pour un stage de 8 semaines au Bénin sur la mission de Bohicon.

Voici un petit compte-rendu personnel :

J’ai d’abord effectué une première partie du stage au Parc archéologique d’Agongointo.


C’est un Musée au statut municipal où l’on trouve des maisons souterraines datant du XVIIIe siècle.

Autour de cette richesse historique nous avons aussi accès à la richesse religieuse et naturelle, avec arbres sacrés et jardin aux papillons.

Le Musée a aussi un enjeu avec les enfants : préserver les jeux traditionnels (adji, ahanu-hanu) et les revaloriser au sein de la culture béninoise avant qu’ils ne disparaissent. Je dirais que c’est un Musée complet.

Malheureusement, le Musée peine à être connu à cause de soucis techniques. En effet, nous avons travaillé sur l’ébauche d’un site internet pour le Musée, et j’ai moi-même crée un dépliant, mais il n’est pas sur que la création d’un site internet pour le Musée soit acceptée (il est difficile ici d’expliquer pourquoi). Mais si le site internet n’est pas crée, le dépliant ne le sera pas non plus car l’on devrait en réimprimer pour y intégrer l’adresse du site internet et cela coûterait trop d’argent inutile.


Malgré ce problème majeur et son statut communal qui ne lui permet pas le même financement que les autres Musées, le gestionnaire du parc archéologique parvient à organiser tous les 2 ans environ des événements permettant de lui donner plus de vie.

Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin

Cette année par exemple a eu lieu La Journée Internationale des Musée les 17 et 18 Mai. Ce fut d’ailleurs la première priorité dès mon arrivée. J’ai commencé par réaliser un communiqué de presse pour la radio et la TV. Théo, le gestionnaire, a parlé à la radio, tandis que j’ai été filmée pour passer sur la chaîne du centre Bénin.

C’était très impressionnant, malgré le briefing que nous avions eu, je me posais pleins de questions : qu’allaient-penser les gens de voir une « yovo » (blanc) parler de l’évènement, des enjeux du Musée ? Comment allaient-ils réagir ?
Ce que j’ai pu remarqué, c’est que cela ne les a pas atteints personnellement car, malheureusement, le 17 mai au soir, la foule n’était pas au rendez-vous. Deux groupes avaient été appelés pour se produire : le premier groupe connu pour sa musique traditionnelle, Akonhoun Zounzé et le deuxième groupe, Les Biova, plus inattendu car connu pour faire du rap/hip-hop à la base mais qui a décidé de se « reconvertir ».

Malgré tout, les personnes présentes venues d’elles-mêmes étaient très contentes et surprises à la fois, c’est le principal. Je regrette quand même que le travail de fond de Théo, rempli d’imprévus et d’obstacles, ne fût pas totalement reconnu. Pire, certaines personnes sont arrivées à la fin du concert en pensant que cela commencerait à peine.


Le lendemain, le 18 Mai, c’était compétition de Adji et prestation de l’Association « La Caravane des Enfants Conteurs de Ouidah »!

Pour la compétition de Adji, des enfants devaient participer, moyen de concrétiser les enjeux du Musées face aux jeux traditionnels, mais au dernier moment aucun n’est venu. Ce sont finalement les adultes présents qui ont joué. Il y avait malgré tout une très bonne ambiance autour des différents duels et plus de monde que la veille.

Même chose pour la prestation des enfants conteurs, ce fut très réussi et surprenant ! Ils se sont inspirés des maisons souterraines pour créer et interpréter des contes devant les spectateurs, c’était vraiment sympa !


La soirée du 17 et la Journée du 18 ont été filmées, preuve du bon déroulement de l’événement.

Lucie, stagiaire de SAKADO au BéninLucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au BéninLucie, stagiaire de SAKADO au BéninLucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au BéninLucie, stagiaire de SAKADO au Bénin

Mon travail au Musée a aussi été de suivre tous les guides lors de visite avec un groupe afin que, grâce à un point de vue extérieur, je puisse rendre compte de leurs points forts et de leurs points faibles.

Enfin, ma dernière tâche a été de pouvoir montrer à une dame comment fabriquer des sacs à partir de poches plastiques car beaucoup pense que ces sacs sont biodégradables. Ainsi, on les jette par terre, en masse, et c’est seulement après qu’on se rend compte que cela ne disparaît pas. Cela pollue donc énormément les terres …
Avant d’aller au Bénin, Pierre m’avait conseillé d’aller voir une dame sachant faire cela. J’ai donc été la voir, elle m’a appris les bases et m’a donné un modèle de sac pour le montrer là-bas. La dame que j’ai rencontrée savait déjà travailler au crochet, je n’ai donc eu qu’à lui montrer le modèle du sac pour qu’elle puisse travailler. Elle a donc récupéré des sachets utilisés, les a nettoyé et a fait le nécessaire pour en faire une pelote. Son sac est très réussi, elle a même rajouté une petite touche personnelle, un petit nœud, pour un côté plus fantaisie.

Elle va continuer à fabriquer d’autres sacs, et autres petits objets comme chapeau ou porte-monnaie pour les vendre au Musée. Elle a proposé à d’autres femmes de se joindre à elle, mais elles ont refusé. Peut être que quand elles verront que cela peut constituer une autre source de revenus, elles changeront d’avis. C’est ce que nous espérons, car finalement tout le monde y trouve son compte tout en préservant les sols.

Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin

La deuxième partie de mon stage, la partie la plus importante, a été de mettre en place le tourisme communautaire dans quelques villages. Ce travail là m’a appris à élargir mon horizon et m’a fait prendre conscience combien il est important d’aller dans le sens de la culture dans laquelle nous nous immisçons et de la respecter. C’est en comprenant ce qu’elle est que l’on peut alors parler des projets en lien avec le tourisme communautaire, étape délicate car il faut aussi que les personnes concernées comprennent bien les enjeux.

Il faut alors s’armer de patience et répéter plusieurs fois le bien fondé du tourisme communautaire : tourisme respectueux de l’environnement, des personnes, des cultures et traditions, permettant les échanges entre différentes cultures et ainsi l‘enrichissement personnel. Il rapporte aux villages concernés une source de revenus supplémentaires sans que cela ne prenne le dessus sur les activités qu’ils pratiquent déjà.

Une fois que le concept a été accepté par les villageois, il faut maintenant faire face aux préjugés sur l’homme blanc. La plupart des personnes nous voit là-bas comme des personnes riches, sans soucis, capables de régler tous les problèmes. Par exemple, dans un des villages, un homme a commencé à me parler de ses problèmes de vue, en espérant dans le fond que je puisse le soigner. Ce sont parfois des situations délicates, pas évidentes à gérer, et surtout gênantes quand on sait que ce n'est pas la réalité de l'occident.
Autre exemple, beaucoup de personnes ne savent pas que la couleur de peau, les types de cheveux, varient en fonction du pays et de son climat…. Il y a donc un mythe là-dessus aussi. Ainsi, on touchait souvent mes cheveux et ma peau, on me caressait en disant que j’avais la peau douce, alors que c’est simplement dû au mode de vie facile que nous avons, contrairement à eux. Encore une fois, difficile de faire entendre tout cela à des personnes qui se sous-estiment trop.
C’est donc aussi un des buts du tourisme communautaire : pendant l’aventure que vivront les touristes, un échange interculturel se fera naturellement, chacun apprendra des vérités sur l‘autre et effacera petit à petit les idées toutes faites.

Cependant, aller dans ces villages au quotidien simple et bien organisé fut une aventure très enrichissante.
Les villageois sont toujours très accueillants et souriants. On nous accueille avec un grand bol d’eau, on nous offre de bons repas, avec ce qu’ils ont, et c’est merveilleux.

En observant les femmes, les hommes, les enfants, on se rend compte que chacun à sa place, son rôle. On comprend donc mieux pourquoi les femmes restent très souvent au foyer et pourquoi les enfants ne vont pas toujours à l’école.
On est immergé dans une grande simplicité : pas d’électricité, pas d’eau courante.

Cela peut nous sembler complètement « dingue », mais avec un peu d’effort, et bien qu’il est vrai qu’au quotidien cela n’est pas toujours évident, on réalise que cela n’est pas forcément indispensable. C’est un confort, mais à quel prix ? L’installation de l’électricité entraînerait l’achat de télé et ainsi tout le monde visionnerait les films, séries et informations inspirés du monde occidental. Cela changerait à jamais ce que les villageois sont, ce que le village est. Il est vraiment difficile de savoir ce qui est le mieux pour eux … L’authenticité des villages, cette façon de vivre presque innée perdrait son naturel, son charme, le retour aux sources …

Chaque village possède ses atouts, et c’est toujours avec curiosité que j’attendais de voir leurs richesses : cela passe de la fabrication d’afitin (moutarde de là-bas, mais très différente de notre moutarde à nous) à la fabrication de marmite en aluminium, des cultes religieux aux connaissances en matière de plantes, le tout sans machines mais avec patience, délicatesse et précision.

Mais, il faut aussi compter sur la découverte des paysages, des champs de plantations, des contes, des jeux avec les enfants, de l’apprentissage de mots, des plats …

Mon stage est terminé et je souhaite cette même expérience à d'autres pour savoir ce qu’est vivre au jour le jour avec courage, volonté et imagination, pour prendre conscience de l’importance de la nature dans notre vie.

Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
Lucie, stagiaire de SAKADO au Bénin
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